L’émergence de l’intelligence artificielle générative (IAG) marque un tournant dans de nombreux domaines et l’éducation ne fait pas exception. Ces outils, capables de produire du contenu de manière autonome à partir de données existantes, offrent de nouvelles perspectives pour l’enseignement et l’apprentissage. Quelle place doit-elle occuper dans nos salles de classe ? Comment tirer parti de ces avancées technologiques sans compromettre la qualité de l’éducation ? Cet article explore les enjeux et les perspectives de l’intégration de l’IAG dans les pratiques pédagogiques.
Qu'est-ce que l'IA générative et comment fonctionne-t-elle ?
L’intelligence artificielle générative est une technologie capable de créer de nouveaux contenus à partir d’un ensemble de données existantes. Ces contenus peuvent prendre diverses formes : textes, images, musiques, codes informatiques, etc. Des outils comme Gemini et Copilot en sont d’excellents exemples. Il est important de noter que l’IAG a ses limites. C’est bien vrai qu’elle peut produire des contenus de grande qualité, mais elle ne comprend pas véritablement le sens de ce qu’elle génère. Elle se contente de reproduire selon les modèles desquels elle a appris. Par conséquent, elle peut parfois produire des résultats erronés, incohérents ou biaisés. De plus, la véritable créativité, qui implique une pensée originale, reste une compétence humaine.
Si ces outils sont impressionnants, ils ne sont pas infaillibles. Les réponses qu’ils génèrent peuvent occasionnellement être fausses ou trompeuses. En effet, ces intelligences artificielles sont entrainées sur d’énormes quantités de données, qui peuvent contenir des erreurs ou des biais. Par exemple, si les données utilisées pour entrainer un modèle sont majoritairement positives à propos d’un groupe de personnes, l’IA aura tendance à générer des réponses biaisées en faveur de ce groupe. Sans oublier que ces modèles peuvent de temps en temps fabuler, c’est-à-dire inventer des informations qui n’existent pas. Il est donc essentiel de toujours vérifier les informations fournies par l’IA avant de les utiliser.
Obligations légales et éthiques
L’utilisation de l’intelligence artificielle générative en classe soulève, avec raison, des questions importantes sur le plan légal et éthique. Il va de soi qu’il est primordial de respecter la vie privée des élèves en évitant de partager des informations sensibles telles que des noms, des adresses ou des données médicales.
L’utilisation de l’intelligence artificielle générative soulève aussi des questions quant à la propriété intellectuelle. Les utilisateurs doivent être conscients que les contenus générés par ces outils ne sont pas nécessairement libres de droits. Les données sur lesquelles ces IA sont entrainées sont souvent protégées par des droits d’auteur. Il est également essentiel de sensibiliser les élèves à ces enjeux et de les encourager à développer un esprit critique face aux contenus générés par l’IA.
Réflexion critique et jugement professionnel
Oui, l’intelligence artificielle générative permet de transformer les pratiques pédagogiques, mais il ne faut toutefois pas perdre de vue que l’outil doit toujours servir l’objectif pédagogique. Cela dit, l’IAG peut personnaliser les parcours d’apprentissage, automatiser certaines tâches, stimuler la créativité et la résolution de problèmes, mais son intégration réussie exige une réflexion approfondie sur les compétences à développer chez les élèves. Les enseignants doivent être en mesure de choisir les outils les plus adaptés à leurs besoins, de les évaluer de manière critique et de les intégrer de manière pédagogique. Pour tirer pleinement parti de cette technologie, les enseignants doivent donc développer leur compétence numérique afin de l’utiliser de manière pertinente tout en l’intégrant de façon cohérente à leurs pratiques pédagogiques. Une utilisation éclairée de l’IAG nécessite une bonne compréhension de ses potentialités, mais aussi de ses limites. Il va sans dire que le jugement professionnel des enseignants demeure essentiel et que la réflexion humaine devrait guider l’utilisation de l’outil. L’enseignant devrait déterminer quand et comment les outils technologiques sont au service de l’apprentissage.


Utilisations pédagogiques de l'IA générative
Pour les enseignants, l’intelligence artificielle générative est un outil précieux pour, par exemple, préparer des cours sur mesure, créer des exercices variés et différenciés et préparer des grilles d’évaluation adaptées. L’IAG peut aussi aider à créer des questionnaires ou à produire des résumés de longs articles. Il faut toutefois garder en tête que l’IAG ne devrait en aucun cas remplacer le jugement professionnel et qu’il faut rester à l’affût de la dépendance technologique qu’elle peut créer. Rapidement, on peut avoir de la difficulté à réaliser des tâches sans être assisté par l’IAG, ce qui peut nuire au développement professionnel.
Du côté des élèves, l’IAG peut devenir un véritable allié d’apprentissage. Elle peut, par exemple, assister dans la recherche d’informations tout en travaillant le jugement critique et proposer des explications personnalisées en soutenant l’apprentissage de concepts moins bien compris. Cependant, il est essentiel d’utiliser ces outils de manière responsable. Les élèves doivent être conscients que l’IA est un outil complémentaire et non un substitut. Il faut ainsi éviter que son utilisation devienne une béquille pour pallier les difficultés d’apprentissage. Il est important d’éduquer les élèves afin qu’ils apprennent à vérifier les informations fournies par l’IA et à ne pas se contenter de réponses toutes faites. Les enseignants doivent définir des règles claires pour l’utilisation de l’IAG en classe. La première règle étant, évidemment, le respect de l’âge minimal quant à son utilisation, 13 ans pour la plupart.
Conclusion
En terminant, soulignons que l’intégration de l’IA en éducation ne se limite pas à la simple adoption de nouvelles technologies, elle requiert une véritable refonte de nos pratiques pédagogiques. Si l’IA peut révolutionner la manière dont nous enseignons et apprenons, elle ne pourra pas remplacer l’interaction humaine (heureusement!). L’IAG, en automatisant certaines tâches et en personnalisant les apprentissages, nous invite à repenser le rôle de l’enseignant, qui deviendra un guide à travers l’utilisation éthique, tout en sensibilisant les apprenants aux biais présents. Ces derniers seront amenés à développer des compétences métacognitives et à devenir des apprenants autonomes, capables de s’adapter à un monde en constante évolution. Après tout, il s’agit de former les citoyens de demain, capables de comprendre le monde complexe dans lequel ils vivent et d’y agir de manière responsable. Les défis à relever seront toutefois nombreux et la formation des enseignants aux technologies qui évoluent à une vitesse fulgurante semble être un enjeu majeur.